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Tawana Self Drive : Le Blog

Comprendre le Delta de l’Okavango

PUBLIE LE : 21 juillet 2024

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PUBLIE LE : 21 juillet 2024

comprendre

Delta Okavango, Botswana

Il y a 60 000 ans, le fleuve Okavango se déversait dans un immense paléo-lac occupant une large partie du Botswana, quand un puissant tremblement de terre secoua la région et bloqua définitivement sa route.

Interrompue dans sa course, l’eau du fleuve s’est éparpillée dans le désert du Kalahari, inondant les plaines environnantes, et créant sur un simple coup du destin, l’une des plus grandes oasis naturelles de la planète : le Delta de l’Okavango.

Depuis, cet écosystème unique repose sur un phénomène fascinant qui n’existe nulle part ailleurs et qui supporte une grande variété de faune et de flore sauvages. Ses paysages paradisiaques aux ressources abondantes en eau fraiche et en poisson ont aussi conquis le coeur des Bayeyi qui ont choisi de s’installer sur les rives du fleuve dès le 18e siècle.

Aujourd’hui, le fleuve charrie environ 11 km3 d’eau chaque année dans des marais qui s’étendent sur une superficie de 6 000 à 15 000 km2 selon la période. Le terrain inondable a tenu le développement humain à distance et la faune est restée sauvage comme elle l’était il y a 10 000 ans. Les hippopotames ont trouvé ici leur paradis, créant des labyrinthes et des chemins à travers plus de 150 000 îles, les éléphants ont prospéré jusqu’à former d’impressionnants troupeaux et les lions se sont adaptés à la chasse sur ce terrain humide, bravant leur phobie de l’eau.

Mais ce qui est encore plus spécial avec le Delta de l’Okavango, c’est son comportement imprévisible, faisant l’objet de toutes les spéculations. A chaque visite qu’on lui rend, sa géographie n’est jamais complètement la même et ne sera probablement plus jamais la même. Si bien qu’on peut revenir encore et encore, et vivre des expériences uniques à chaque fois. Une chose est immuable cependant : son atmosphère si paisible qu’on s’y sent bien immédiatement, et ses paysages si beaux qu’on ne se lasse pas d’observer la silhouette de ses grands palmiers.

Et l’eau apporta la vie dans le désert du Kalahari

Comprendre le Delta, c’est savoir différencier la saison des pluies (wet season) de la saison des inondations (flood season), deux événements naturels bien distincts venant rythmer la vie de ce territoire préservé et alimenter les rivières aussi bien que les conversations.

L’eau. Un élément crucial, devenu si fragile au fil des ans. Pourtant, le Delta en a vu passer des sécheresses terribles et des inondations prodigieuses. C’est sa vie, souvent dans l’excès, rarement dans la moyenne, on s’inquiète pour lui en secouant la tête comme on frétille de joie alors que l’eau avance doucement pour se répandre dans ses artères et redonner tout son éclat à des marais asséchés.

Par son miracle, le Delta a formé les contours d’un véritable sanctuaire de la vie sauvage. Ses eaux vivifiantes distribuent de l’oxygène et déplacent des tonnes de sédiments qui contribuent à la formation de ses îles. A la façon d’une rizière, des herbes nutritives émergent dans les plaines inondables peu profondes et nourrissent des milliers d’herbivores, des antilopes aux hippopotames, en passant par les zèbres, les phacochères et les buffles. Ces derniers attirent à leur tour une belle population de prédateurs en pleine forme, qui trônent fièrement en haut de la chaine alimentaire.

Les plantes soutiennent toutes les autres formes de vie visibles dans le Delta de l’Okavango, du plus petit insecte au plus grand des éléphants, en passant par les poissons, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et tous les autres animaux, qu’ils soient végétariens ou non. Ici, dans ce qui était un désert, tout dépend de l’eau et des plantes.

Quand on a la chance d’assister à sa transformation, il est incroyable de constater à quel point l’eau modifie le paysage. Chaque année, elle suit des itinéraires différents en fonction de l’évolution du terrain, et modifie la forme du Delta. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la quantité d’eau restante des inondations précédentes, le volume des précipitations locales pendant la saison des pluies, la façon dont les animaux comme les hippopotames ou les éléphants déplacent les sédiments … tous cela a une incidence sur l’assèchement des lits des rivières et sur la vitesse à laquelle les eaux circulent.

Ajoutez à ces nombreux paramètres que les mois secs (en termes de pluie) sont les mois les plus humides (en termes d’inondation) et la confusion règne joyeusement. Reprenons depuis le début.

Comment se produisent les crues du Delta de l’Okavango ?

Avant qu’il ne devienne ce fantastique delta intérieur, le fleuve Okavango nait d’un simple ruissellement au coeur des hauts plateaux reculés d’Angola. Alors qu’il n’est qu’au début d’un long voyage à travers 3 pays, celui qui s’appelle alors Cubango est nourri par d’autres affluents qui lui font prendre force et vigueur avant de fusionner avec la rivière Cuito à la limite de la Namibie. Le fleuve prend ici le nom de Kavango et se fait finalement appeler Okavango au Botswana.

A partir de Gumare, l’eau heurte une ligne de faille et se transforme en un éventail formant une main dont les 5 doigts représentent autant de rivières. Elles-mêmes divisées en d’innombrables affluents, elles changent de noms au fur et à mesure de leur avancement, et terminent leur course dans différents déversoirs qu’elles n’atteignent pas toujours.

Depuis sa source en Angola, le fleuve parcourt pas moins de 1600 km et fournit 80% de l’eau du Delta sous la forme de crues qui se produisent en plein hiver austral, entre la fin du mois de mai et le début du mois d’août.

Les 20% restant sont apportés par les pluies locales qui arrosent le Botswana pendant l’été austral, entre Novembre et Avril. La saison des pluies a toute son importance dans le développement du Delta car elle conditionne le terrain. Les précipitations redonnent vie à la végétation, remplissent d’eau les cuvettes asséchées, tapissent le lit des rivières, et préparent ainsi les sols à l’arrivée des inondations qui pourront se répandre plus vite et plus loin.

Comme au Botswana, les pluies sont les plus intenses en Angola entre Janvier et Mars, mais la crue du fleuve Okavango prend des mois avant d’atteindre le delta lui-même, et encore plusieurs semaines avant que l’eau ne parvienne à son niveau le plus élevé, généralement observé en Juin / Juillet. La décrue intervient à partir du mois d’Août par un phénomène d’évaporation, au moment où les températures grimpent très fortement au Botswana.

Formation du Delta de l'Okavango
Prenant sa source en Angola, le fleuve Okavango vient se perdre dans les sables du Kalahari et finit sa course dans des déversoirs, formant de fragiles oasis en plein désert (en rose).

On ne sait donc jamais à quoi s’attendre, d’autant que les mouvements tectoniques influencent aussi la direction de l’eau. En 2023 par exemple, la crue s’est concentrée sur la rivière Khwai et le nord du Delta, délaissant la rivière Boro au Sud qui est normalement la première source de la rivière Thamalakane passant à Maun. En 2022, c’est plutôt la rivière Gomoti qui a pris la tête de la course, montrant à quel point cet écosystème vivant peut surprendre chaque année.

Pendant les années les plus folles, l’eau peut atteindre la rivière Nhabe et lac Ngami, alimenter la rivière Boteti jusqu’au lac Xau, s’écouler dans le canal de Selinda, voire ranimer le canal de Savuti par un jeu de tectonique et de déversement combiné avec la rivière Kwando. Les pans de Makgadikgadi ne reçoivent de l’eau qu’en cas de crues exceptionnelles.

Progression de l’eau dans la Delta de l’Okavango pendant la période des inondations

Pourquoi comprendre la dynamique de l’Okavango est si important pour les selfdrivers ?

Le comportement du Delta est incertain tout comme les conditions de circulation à Moremi et à Khwai. Pendant la saison des pluies, le terrain devient vite détrempé et les pistes peuvent devenir infranchissables. Pendant la période des crues, la montée des eaux envahit les pistes saisonnières et coupent certains accès. Les paysages peuvent changer radicalement pour une durée indéterminée, et ce qui était vrai hier ne l’est parfois plus dès le lendemain.

Pendant la grande sécheresse de 2019, le Delta n’avait plus rien d’une oasis idyllique. Les activités d’eau n’étaient plus possibles dans une grande partie du territoire et les animaux ont beaucoup souffert dans cet environnement sec et poussiéreux. Cette année là, Maun avait été complètement privé de sa rivière Thamalakane, on redécouvrait des pistes oubliées à Moremi tels de nouveaux explorateurs, on roulait sans difficulté dans les plaines inondables de Dead Tree Island et de Doug’s Island.

A l’inverse, l’eau prive parfois les visiteurs de larges sections de la réserve. Bodumatau s’est retrouvé sous l’eau pendant plusieurs années, profitant de la sécheresse de cette année 2024 pour se dévoiler à nouveau, les pistes longeant la rivière Khwai ou entourant Second Bridge ont nécessité des détours et des retours, des ponts ont été endommagés, des voitures se sont même noyées !

Mais c’est bien ce qu’on vient chercher ici : l’aventure et le plaisir immense de vivre des expériences qui resteront les siennes à jamais.

Cycle de vie du Delta de l’Okavango

JAN-FEV-MAR

Saison des pluies
Eté austral

La pluie remplit les points d’eau temporaires et fait renaitre une végétation verdoyante et luxuriante. Les animaux trouvent eau et nourriture partout dans le bush.

Le niveau de l’eau du Delta reste bas mais il peut varier en fonction de l’intensité des pluies.

AVR-MAI-JUIN

Saison sèche
Hiver austral

Les points d’eau temporaires commencent à s’assécher et la végétation se réduit peu à peu.

Si les pluies ont commencé tôt en Angola, le niveau de l’eau du Delta peut monter dès Avril mais la crue du fleuve Okavango se produit plus généralement en mai / juin.

JUIL-AOUT-SEPT

Saison sèche
Hiver austral

Les points d’eau temporaires ont disparu. Les animaux se rapprochent des rivières et sources d’eau permanentes.

Le niveau de l’eau du Delta est au plus haut, fournissant l’eau nécessaire à la vie des habitants du fleuve et des animaux sauvages alors que la saison sèche est bien installée.

OCT-NOV-DEC

Saison des pluies
Eté austral

Les premiers orages se produisent fin Octobre. Le retour de la pluie est un soulagement pour la végétation et les animaux.

Le niveau de l’eau du Delta a considérablement baissé et est au plus bas en décembre. Les activités nautiques ne sont plus possibles partout.

Notre conseil : Le meilleur moment pour observer toute la merveille du Delta de l’Okavango se situe entre Juillet et Septembre. En dehors de cette période, quand l’eau commence à arriver ou à se retire des plaines inondables, optez pour des lodges et des campings situés le long des cours d’eau permanents.

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2024-07-23T16:10:50+02:0021 juillet 2024|Catégories : Comprendre, Le blog|Mots-clés : , |
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